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Secret des pyramides d'Égypte : des thèses étonnantes et des mythes à déconstruire




La grande pyramide de Khéops, qui trône aux côtés de ses deux sœurs plus petites, celles de Kephren et de Mykérinos, représente la dernière survivante des sept merveilles du monde antique. Avec leurs 4.500 ans d'existence, elles ont eu le temps d'impressionner des générations de visiteurs, d'historiens et de conquérants. Et de générer un nombre impressionnant de théories, certaines étant particulièrement farfelues.

Ne m'en veuillez pas si je ne suis pas emballé par l'idée de la construction des pyramides par des extraterrestres. Bien qu'étant un fan de "Stargate", j'ai tout de même du mal à voir quels éléments matériels pourraient aller dans cette direction. Idem pour les thèses impliquant les Atlantes ou d'autres races éteintes dont on aurait perdu la trace.

Certes, les pyramides sont des merveilles de construction, et ont peut-être des significations ésotériques définies par leurs architectes, mais nul besoin de faire injure au génie des anciens Égyptiens pour expliquer leur réalisation.

Construites par des hommes libres... et bien nourris

Le premier mythe auquel il faut tordre le cou lorsqu'on évoque la construction des pyramides est celui selon lequel elles auraient été construites par des esclaves. Certes, entre la Bible et le cinéma hollywoodien, les pharaons n'avaient pas toujours une très bonne image, mais les pyramides ont bel et bien été réalisées par des hommes libres.

Les fouilles menées près des pyramides par le groupe d'archéologues AERA ont permis de reconstituer la vie des ouvriers des pyramides, qui a fait l'objet d'une communication de l'un de ses responsables, le docteur Richard Redding, en avril 2013. Il y décrit une ville d'ouvriers située au sud du Sphinx, et qui était l'endroit où habitaient ceux qui ont construit la troisième pyramide, celle de Mykerinos. Ils y ont trouvé les traces d'élevage d'animaux, d'abattoirs, et même un cimetière adjacent, assez pour pouvoir en déduire le régime alimentaire des travailleurs du chantier.

Les archéologues ont estimé que chaque jour on abattait plus de 1.800 kilos de viande (bœuf, moutons, chèvres...), qui faisait partie du menu des ouvriers, de même que le poisson, les fèves et les lentilles. Les squelettes montrent également qu'ils avaient accès aux soins (des os avaient des fractures soignées). "On prenait bien soin de ces gens et ils étaient bien nourris lorsqu'ils travaillaient là, alors il y avait une certaine attractivité à ce travail", explique le Dr. Redding à LiveScience.

"Ils avaient probablement un meilleur régime alimentaire que dans leur village."

Parmi les autres découvertes récentes, celle d'un port qui date lui aussi de l'époque des pyramides. L'équipe en charge des fouilles, dont le professeur Pierre Tallet, de l'université Paris-Sorbonne, a pu étudier des papyrus, et plus particulièrement le "Journal de Mérer", compte-rendu détaillé de l'activité d'une équipe de bateliers chargés de transporter les pierres utilisées pour le parement extérieur de la grande pyramide.

A-t-on enfin percé le mystère de la construction des pyramides ? 


Le sable mouillé et autres techniques antiques

Si l'on a donc une idée assez précise de ceux qui ont construit les pyramides, et comment ils ont amené les blocs de pierre sur le site, les techniques utilisées, elles, représentent encore un vrai casse-tête, et plusieurs théories ont vu le jour pour expliquer comment les Égyptiens de l'antiquité avaient pu transporter des morceaux de calcaire de deux tonnes et demie (certains étant même beaucoup plus lourds) sans notre outillage moderne.

Ce sont non pas des archéologues mais des physiciens qui ont émis cette année la thèse la plus étonnante sur le transport de ces blocs, dans une étude publiée dans "Physical Review Letters". 

Comme le relate Phys.org, les ouvriers plaçaient les blocs de pierre sur des traîneaux (qui devaient probablement rouler sur des rondins), mais le "truc" pour rendre l'opération moins difficile était ... d'humidifier le sable. Avec la quantité correcte, le sable ne s'accumule plus devant le traîneau comme il le ferait avec du sable sec, et l'ensemble glisse sans trop de problèmes. La confirmation de cette thèse a d'ailleurs été trouvée dans une peinture murale qui montre une personne versant de l'eau sur le sable devant un traîneau.

Une théorie plus audacieuse met en avant... la géométrie. Des scientifiques de l'université de l'Indiana ont en effet suggéré que les Égyptiens auraient pu attacher des rondins de bois sur chaque côté des blocs de rocher, les transformant ainsi, vus sur la tranche, en dodécagones (figures à 12 côtés). Il n'aurait alors plus resté qu'à les faire rouler, ce qui selon leurs calculs n'aurait nécessité "que" 50 hommes pour le déplacer de 0,5 mètres à la seconde (pour un bloc de 2,5 tonnes). Le seul hic c'est que l'on n'a aucune trace écrite ou dessinée d'une telle technologie...

En partant de l'intérieur ?

L'hypothèse suivante a été émise par Peter James, ingénieur d'une société de Newport (Royaume-Uni), qui est spécialisée dans la restauration des pyramides. Selon M.James, cité par le "Daily Mail", les constructeurs n'auraient pas utilisé des rampes démolies ensuite, comme on le pensait jusqu'ici, mais auraient construit la pyramide... à partir de l'intérieur.

L'ingénieur pense en effet que des rampes nécessaires à un tel ouvrage auraient été trop en pente pour que l'on puisse hisser les blocs, ou alors qu'elles auraient fait 400 mètres de long. La solution, selon lui, était de construire d'abord l'intérieur de la pyramide avec des matériaux plus légers, puis, au moyen de rampes et couloirs en zigzags, d'acheminer les blocs plus importants à placer sur l'extérieur.

Enfin, des échafaudages auraient permis de monter les derniers blocs du sommet (une description plus détaillée en français est disponible ici).

La théorie des degrés

Une construction (en partie) différée, telle est la thèse développée par Monsieur Michel Michel, retraité des Postes, et qui a retenu l'attention d'un égyptologue professionnel de l'université de Zurich, aboutissant ainsi à une publication très officielle dans une revue spécialisée.

La méthode qu'il propose consiste à construire une pyramide à degrés, en utilisant des rampes pour chacun d'entre eux. Les rampes sont ensuite utilisées comme éléments de maçonnerie pour transformer la pyramide et lui donner sa forme finale. L'ensemble du processus est détaillé dans une vidéo disponible ici.

Lorsqu'on sait que les premières pyramides, notamment celle de Djoser, étaient des pyramides à degrés, l'hypothèse de Monsieur Michel semble encore plus intéressante. Reste à savoir quelle sera la réaction de la communauté des égyptologues... et si cette théorie pourra être vérifiée sur le terrain.

S'il reste encore pas mal de zones d'ombre sur la manière dont les pyramides ont été construites, on voit bien qu'il y a des possibilités sans pour autant faire appel à des vaisseaux spatiaux ou à des grues à anti-gravité. Je ne doute pas que l'archéologie, avec l'aide d'autres sciences (et pourquoi pas d'amateurs éclairés) nous fournira des réponses plus précises dans les années à venir...

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